Ah vraiment, qu’il est temps que le mariage pour tous soit promu ! Je vous ai déjà fait connaître ma profonde sympathie pour le projet de mariage homosexuel auquel j’ai eu le plaisir de consacrer pas moins de deux chroniques, et l’actualité de la semaine nous rappelle encore l’évidente nécessité de ce mariage pour tous.
D’abord à l’UMP. L’UMP, dont on parle peu, mais qui a, depuis trois semaines, deux papas. Que de querelles, que d’escarmouches, que de piques, de drames pourraient être évités si Jean-François Coppé pouvait épouser librement François Fillon. Chacun des deux aurait l’autorité parentale sur le petit. Nul besoin de se battre pour faire reconnaître sa paternité putative, on organiserait une sorte de garde alternée et les parents pourraient régler leurs problèmes tranquillement le soir autour d’un bol de soupe plutôt que de nous infliger par media interposés leur astronomique inutilité ; c’est incontestablement tout un pays qui irait mieux grâce au mariage pour tous !
Et puis, il n’y a pas que le paysage politique qui a besoin de ce projet. La nature, elle aussi, le réclame à grands cris. J’en veux pour preuve le stupéfiant article que nos confrères de la Nouvelle République ont consacré hier aux mutations sexuelles constatées sur les poissons de nos rivières. Figurez-vous que tous les médicaments, pilules, cachets, gélules, comprimés, remèdes chimiques en tous genres dont nous nous remplissons la panse finissent par couler, à dose infinitésimale certes, mais finissent par couler quand même dans nos rivières. Eh bien, v’là-t-y pas que depuis une dizaine d’années, on constate des mutations chez les poissons, et notamment, tenez-vous bien, je cite, "une féminisation des mâles chez la truite arc-en-ciel et le gardon".
Les seules modifications génétiques qu’on connaissait jusqu’à présent s’étaient déjà produites dans le milieu aquatique, en Allemagne de l’Est dans les années 80, où les nageuses avaient une forte tendance à se laisser pousser la moustache. Maintenant c’est l’inverse. Le gardon se féminise, la truite arc-en-ciel aussi. Loin de moi l’idée de dire que des gens sont payés à rien foutre, mais je me demande quand même entre nous comment on voit qu’un poisson se féminise ? M. Gardon réajuste-t-il son maquillage avant de frayer dans nos rivières, la truite arc-en-ciel mâle a-t-elle tendance à privilégier le port du string en dentelle à celui du bon vieux slip kangourou ?
Il s’agit d’un mystère pour moi insondable que cette féminisation, mais qui constitue encore une preuve éclatante de la nécessité absolue d’abolir toute différence entre les sexes, qu’il n’y ait plus demain ni papa ni maman, ni femme ni mari, mais seulement des conjoints et des parents n°1 et n°2, et nous auront rejoint le chemin vers une humanité meilleure tracé par nos amis les poissons.
La semaine prochaine, je vous parlerai de l’influence néfaste de la fréquentation des femmes de chambres sur les économies des anciens patrons de fonds monétaires internationaux.